Je rends hommage aujourd’hui à mon ami Jean Abadie non seulement en mon nom propre mais aussi avec nous tous, les Peintres de l’Armée qui l’ont aimé et qui ont admiré son talent.
Beaucoup des premiers membres de cette Association ne sont plus là aujourd’hui, beaucoup des anciens ne peuvent plus se déplacer, cloués chez eux par la maladie ou des opérations.
Je sais qu’ils sont là, à mes côtés, en pensée.
 
                                          C’est grâce à Jean que j’ai créé en 1985 l’Association des Peintres Officiels de l’Armée. Il a été le tout premier à croire à ce projet, à y adhérer et à participer à nos toutes premières expositions collectives avec ses magnifiques œuvres.
Son très grand talent a été la référence de nos débuts. Il a donné à cette jeune Association ses lettres de noblesse lui attirant une notoriété plus qu’aucun autre, grâce à sa renommée en particulier au sein des Artistes Français et dans le milieu de l’Art français et international;
                                                Je me sentais bien sûr tout petit peintre auprès de lui mais sa gentillesse et sa modestie étaient extraordinaires. Ces qualités fréquentes chez les savants, les grands ingénieurs, sont rares chez les peintres. Jean les avait au plus haut point.
 
                                            Il fut le compagnon amical et joyeux de nos voyages groupés à Berlin et à Baden-Baden… Dessiner à ses côtés au sortir musées de Berlin fut pour moi un bonheur et un honneur. J’écoutais attentivement ses conseils amicaux et pleins de délicatesses.
 
                                            En ce moment, ces instants riches et chaleureux me reviennent en mémoire avec émotion. Ces dernières années les problèmes de santé l’avaient, hélas, un peu éloigné de nos réunions mais son talent était toujours là sur nos cimaises. Ses qualités d’homme toujours présentes dans nos cœurs.Ses peintures lumineuses, pleines d’harmonie et d’humanité témoigneront longtemps de son talent. Elles ont la solidité des œuvres de Musée comme disait Cézanne.
 
                                             Mardi soir j’avais appris la triste nouvelle du décès de Jean. En sortant de ma maison le ciel sombre d’un gris chaud pleurait de petites gouttes de pluie légères, les pierres de la façade de mon atelier avaient ces couleurs chaudes que Jean aimait tant, un bel arc-en-ciel se tendait lumineux entre les murailles. Je crois que Jean me disait au revoir avec son élégance coutumière.
 
                                      Merci Jean d’avoir été pour moi un exemple, un compagnon, un ami. J’aime à croire qu’il existe bel et bien un Paradis des peintres où tu retrouverais tes Maîtres bien aimés et d’innombrables amis.
Michel Motigné